Objectif de la séquence : aborder le thème de l’apport des voyages dans la création musicale des compositeurs de périodes chronologiques proches. A la fin du XIXe et au début du XXe siècle, divers courants artistiques sont apparus comme l’orentalisme et l’exotisme. Les artistes qui avaient entrepris des voyages pour élargir leur horizon ont ainsi exprimé leurs impressions, partagé leurs souvenirs, la rencontre avec une autre culture, et réalisé des carnets de voyages picturaux, littéraires, musicaux qu’ils ont partagéà travers leurs œuvres.
Notre objet d’étude : Comment un compositeur peut-il exprimer ses impressions de voyage ?
Domaines abordés : la dynamique et la forme. A cette occasion, nous verrons ou reverrons le vocabulaire des nuances, des modes de jeu, divers genres symphoniques, quelques formes musicales, et la notion d’instrumentation et d’orchestration.
Projet musical : Englishman in New York de Sting. (Sting est un chanteur britannique né en 1951 qui a été chanteur et bassiste du groupe The Police dans les années 80, qui jouait une musique mélangeant rock, punk, jazz et reggae).
La chanson parle de l’écrivain et acteur excentrique Quentin Crisp, personnage anglais haut en couleurs émigréà New York dont le message est :
« Soyez vous-même, peu importe ce qu’ils disent».
L’accompagnement, extrêmement soigné, est constitué d’éléments qui sont rattachés à notre étude : Variations de nuances entre le couplet, le refrain et le pont, jeu staccato des cordes sur les contretemps, polyphonie sur le refrain (chant à la tierce), structure Blues, solo de saxophone qui renvoie au Jazz puis de batterie qui renvoie à une musique de style plus martial, utilisation des syncopes qui donne un côté insouciant et léger à la mélodie, et le thème de la chanson. Tout dans cet accompagnement oppose la rigidité de l’opinion publique contre les minorités différentes à la liberté que peut représenter l’anonymat, l’étranger.
Les paroles : Englishman_in_New_York_Sting_lyrics;
La partition : Englishman_in_New_York_Sting_part_musescore;
1) Voici le clip officiel de la chanson dans lequel on aperçoit Quentin Crisp (la chanson fait partie de la BO du film du même nom). | 2) La video avec les lyrics : | 3) la version instrumentale |
Ecoute principale: An American in Paris (1928)
Oeuvre composée par George Gershwin, compositeur américain de la période moderne (1898 - 1937).
Le genre : c’est un Poème symphonique, œuvre instrumentale destinée à l’orchestre en un seul mouvement qui suit une idée, un texte, une histoire. Il y a à la fois un côté descriptif et narratif.
Le compositeur a écrit un petit texte dans lequel il dépeint un américain visitant la capitale, la musique traduit musicalement ce qu’il ressent, ce qu’il voit et entend.
Gershwin avait fait auparavant un voyage à Paris où il avait rencontré ses idoles, les compositeurs français dont Ravel. Lui ayant demandé des conseils dans le domaine de la composition, il se vit répondre qu’il n’avait rien à apprendre. Cependant on ressent dans sa musique l’influence des français, mais aussi de Stravinsky par la richesse des couleurs orchestrales, l’utilisation des masses sonores de l’orchestre et le métissage savamment orchestré de styles différents.
Bien qu’il y ait un seul mouvement, le poème symphonique est découpé en trois parties principales.
Nous écouterons le début de la première partie, qui évoque le promeneur dans la circulation parisienne.
Dans ce passage les contrastes de nuances sont constants, et l’on entend tour à tour le thème de la marche du promeneur, une petite phrase au caractère insouciant jouée staccato par les violons, avec un ornement (une appogiature) dynamisant. Elle sera reprise plusieurs fois, entrecoupée d’autres thèmes, et d’un motif amusant joué par des klaxons de voiture.
Nous dessinerons un musicogramme pour visualiser le plan de ces premières minutes de l’œuvre. Un peu plus loin dans l’œuvre, Gershwin imagine que le promeneur a soudain le mal du pays. Il choisit alors de nous le suggérer par un autre thème, une musique typiquement américaine, de style Blues, qu’ il confie à la trompette munie d’une sourdine. Il l’habille d’un accompagnement aux cordes (jeu pizzicato) et aux cuivres (jeu staccato). Vers la fin du mouvement, nous retrouverons ces deux thèmes ou des fragments de ceux-ci, tour à tour alternés et superposés. L’accompagnement, plus fourni par la présence de cuivres et de percussions, rappelle les Big Bands, orchestres de jazz américains.
Le document du professeur : Gershwinprof_1;
Le document de l'élève : Gershwin_eleve_1
1) L'œuvre de Gershwin, | 2) Pour écouter séparément le thème du Blues |
Oeuvres comparatives:
Pour ce travail je vous demanderai :
- de dresser un tableau des ressemblances et différences
- de deviner dans quel pays ou continent le compositeur a séjourné.
Nous comparerons essentiellement la dynamique et la forme de ces œuvres par rapport à celle de Gershwin.
Vous rédigerez ensuite un résumé final
pour comparer ces pièces musicales à notre oeuvre principale.
Première comparaison :
Le 2ème mouvement de la Symphonie du Nouveau Monde, composée en 1893 par Anton Dvorak (1841-1904), compositeur tchèque de la période romantique. Dvořák compose cette œuvre lors de son séjour en Amérique, alors qu’il est directeur du conservatoire de New York. Intéressé par la musique du pays (celle des indiens, des afro-américains), il emprunte des poèmes extraits de «La légende de Hiawatha» de Longfellow, auteur américain.
Au cours de ce mouvement, nous serons à la fois plongés dans les plaines du Far West, à travers un thème joué par le cor anglais, et dans le syle du pays d'origine de Dvorak à travers un air de danse slave joué par le hautbois.
Chaque mélodie est caractérisée par un jeu différent (l’une legato, l’autre staccato) qui contribue à leur donner leur caractère respectif (nostalgique puis pastorale). Ce genre, bien que symphonique, est plus conventionnel.
La symphonie telle que définie à l’époque classique est une œuvre divisée en 4 mouvements de tempo différent, le 2e mouvement étant généralement de tempo lent, bâti sur la forme ABA’.
Deuxième comparaison :
Tunis-Nefta, extrait d’Escales, Suite symphonique en 3 mouvements composée entre 1920 et 1922 par Jacques Ibert (1890-1962), compositeur français de la période moderne. En ce qui concerne le genre de la Suite symphonique, sa particularité est que l’on peut jouer ces pièces séparément, bien qu’elles soient réunies dans un recueil.
L’œuvre a été composée à la suite d’un voyage en Mediterranée, alors que le compositeur séjournait à la Villa Médicis, à Rome, en Italie. Il obtint d’ailleurs le Grand Prix de Rome en 1919.
L’escale en Tunisie est suggérée par une mélodie à caractère oriental (basée sur un mode arabe) interprétée par le hautbois, ce qui lui donne un caractère sensuel et hypnotique. Nous avons ici un contraste entre la phrase liée jouée lentement dans une nuance piano au hautbois, et l’accompagnement des cordes en pizzicato.
Le compositeur a choisi aussi une forme en tryptique ABA’, la partie B étant un peu plus animée (passage crescendo puis retour à la première partie). Cette musique évoque le dépaysement à travers le chant des bédouins, le mystère, les pas des chameaux dans le désert qui s’éloignent. Et bien que nous soyons dans une mesure à 3 temps, le caractère parfois improvisé de l’ensemble nous fait perdre le rythme à certains moments.
Troisième comparaison:
España, Rapsodie pour orchestre composée en 1893 par Emmanuel Chabrier (1841-1894), compositeur français de la période romantique.
La Rhapsodie, tout comme la fantaisie pour orchestre, a pour particularité d’être plus libre dans sa forme que la symphonie, et d’utiliser des thèmes nationaux, caractéristiques d’un pays.
Cette œuvre fut composée au retour d’un voyage en Espagne, Chabrier avait été charmé par les musiques entendues dans ce pays et avait relevé certaines mélodies.
Le compositeur ici utilise des thèmes de célèbres danses espagnoles : celui de la Jota aragonaise, au caractère vif et brillant, accompagné par un battement incessant de percussions, et celui de la Malaguena, accompagné par les cordes et les cuivres qui s’opposent, au caractère langoureux et sensuel.
Le document du professeur : Dvorak_Ibert_prof_2 ;
Le document de l'élève : Dvorak_Ibert_eleve_2 ;
HISTOIRE DES ARTS
A vous maintenant de faire une recherche personnelle
sur une oeuvre de votre choix dans laquelle un artiste,
quel que soit son support, suit le même procédé avec le même but :
nous ramener des impressions, des émotions,
des souvenirs et les partager avec son public.
Quelques exemples : Paul Gauguin, Henri Matisse et la polynésie, Paul Klee,
Vassili Kandinsky, August Macke et la Tunisie,
Alphonse de Lamartine et Gérard de Nerval et l’Orient,
Darius Milhaud et le Brésil,
Jacques Brel et les îles Marquises…
Rassemblez ce que vous pourrez trouver
en vous aidant des fiches du cours
pour votre présentation.
Ne recopiez pas des pages entières, allez à l’essentiel,
ce que l’on peut mémoriser.
Vous pouvez préparer votre fiche sur l’ordinateur
et l’imprimer ou bien l’écrire
et vous la conserverez dans votre classeur.
Felicidad - Paul Gauguin | Jardin des Saints- Paul Klee | Kairouan III - August Macke |
Fiche synthèse de la séquence
synthese_5s4 ;
Fiche auto-évaluation de l'élève
Auto_evaluation_5s4 ;
Enregistrements du projet musical réalisés en classe
5ème A
5ème E